Fiction 289 by Collectif

Fiction 289 by Collectif

Auteur:Collectif [Collectif]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Fantastique, Nouvelles, SF
Éditeur: Opta
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00


Nous nous attelâmes donc à notre tâche, dressâmes notre camp, installâmes des bâches au-dessus des matériaux qui seraient un jour une piste d'atterrissage, des espèces de super-planches, plaques métalliques percées et articulées de façon à pouvoir être enroulées sur d'énormes tambours, technique qui, me semble-t-il, avait été mise au point pour permettre aux tanks d'approcher sans risques de berges boueuses. Nous passâmes ainsi notre première soirée, pestant contre l'idiotie des généraux.

Le jour suivant, je partis avec Fleaud. Empruntant des pistes à peine tracées, aidés par des cartes qui n'avaient pas été revues depuis quinze ans, nous n'en réussîmes pas moins à atteindre le plus proche village, progressant à travers un rideau opaque d'insectes. Au cours du briefing qui avait précédé notre départ, on nous avait informé que le Service de Propagande Francophone des Combattants d'Outre-mer bénéficiait d'un impact considérable dans cette région car ils avaient utilisé les propres films d'actualités des Nazis pour montrer aux habitants comment ces derniers traitaient les prisonniers noirs. Et cette information, du moins, devait se révéler exacte dans la pratique. Le chef et l'iman du village, qui, selon nos critères, correspondaient au seigneur du château et au curé, se montrèrent tout disposés à parler affaires avec nous.

Malheureusement, notre plan aurait requis au minimum deux cent cinquante, si ce n'est trois cents travailleurs de force. Et dans ce village, nous pouvions espérer, avec beaucoup de chance, en recruter une vingtaine. Nous étions en pleine saison des fièvres, et tout autour de nous ce n'étaient que malades allongés à l'ombre, claquant des dents et ruisselant de sueur ; pendant notre visite se déroula même l'enterrement d'un enfant.

L'iman nous apprit avec fatalisme que, selon la volonté d'Allah, l'épidémie durerait encore un mois.

Nous réussîmes malgré tout à enrôler ceux qui tenaient encore debout, et le lendemain matin, au lever du soleil, ils rallièrent notre camp. Le sergent Corkran les envoya abattre des arbres le long de la future piste d'atterrissage. Mais ce n'était pas la coupe des arbres qui constituait notre problème majeur : c'était de déplacer les troncs pour pouvoir finir de nettoyer le terrain puis de les redisposer pour qu'ils puissent servir de fondations aux rouleaux de plaques métalliques que nous avions apportées. Fleaud calcula que pour rendre la piste fonctionnelle le temps nécessaire aux premiers avions d'amener le carburant et les pièces détachées, avant même l'instauration du pont aérien avec le Brésil, nous aurions besoin de tous les troncs d'arbre situés dans un rayon de près d'un kilomètre. Il me semble que là-bas, au QG, ils avaient oublié de tenir compte de la nature du terrain. Nous avions bien sûr un bulldozer qui avait remorqué les tambours de « piste préfabriquée » depuis la côte. Son conducteur prévoyait sombrement qu'il lui faudrait six mois pour effectuer ce travail, à condition toutefois que l'engin ne disparaisse pas au fond du marécage.

En dehors des troncs d'arbre, il n'y avait absolument rien qui puisse nous fournir le support approprié.

Avec un optimisme béat, nous n'en poursuivîmes pas moins notre tâche.

Le village que nous visitâmes ensuite ne put nous fournir qu'une douzaine de travailleurs.



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